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Etude d'impact de la Fondation du patrimoine : les points-clés

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Découvrez les résultats de l'étude d'impact menée par la Fondation du patrimoine pour évaluer l'impact de son activité. 


Depuis 1996, la Fondation du patrimoine œuvre à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine français. Au travers de son label, de ses outils de collecte et du mécénat d’entreprise, elle accompagne les particuliers, les collectivités et les associations dans leurs projets de restauration, avec une conviction : le patrimoine s’inscrit dans des problématiques territoriales plus larges. A l’occasion de ses 25 ans, la Fondation du patrimoine s’est interrogée sur son empreinte socio-économique et a confié au cabinet de conseil Pluricité la mission de mesurer et de valoriser l’impact de son activité.  

Retrouvez dans ce contenu plus d’informations sur cette étude : la méthodologie, les grandes conclusions et le détail des chiffres-clés. 

Quelle méthodologie pour cette étude ?  

La démarche menée par le cabinet s’est articulée autour d’une double approche :  

  • La valorisation de l’activité économique générée par l’action de la Fondation au niveau national, via les projets qu’elle soutient ; 
  • L’étude de l’empreinte socio-économique des projets restaurés à l’échelle locale. 

Plus spécifiquement, afin de valoriser l’activité économique générée par l’activité de la Fondation, 2 indicateurs clés ont été pris en compte :  

  • Le montant des dépenses effectuées par l’ensemble des parties prenantes liées aux projets soutenus par la Fondation ;  
  • Le nombre d’emplois mobilisés (créés ou maintenus), qu’ils soient directs, indirects ou induits.  

Pour réaliser cette étude qualitative et quantitative de l’impact de la Fondation du patrimoine, le cabinet Pluricité s’est appuyé sur :  

  • 7 études de cas spécifiques ;  
  • Des rencontres et entretiens qualitatifs avec 105 acteurs locaux ; 
  • L’étude de plus de 2 500 projets clôturés (sur l’exercice comptable de 2019). 

 

Projets patrimoniaux et empreinte économique : quel impact ?  

Les retombées économiques permises par les chantiers de restauration soutenus par la Fondation du patrimoine peuvent être décomposées en 3 groupes : directes, indirectes et induites.  

  • Les retombées directes cumulent les dépenses directes de fonctionnement de la Fondation ainsi que le montant des travaux réalisés dans le cadre des projets soutenus.    
  • Les retombées indirectes sont liées à l’achat de biens et aux services effectués par les entreprises réalisant les travaux, ainsi qu’aux dépenses indirectes d’achat de biens, de services effectués et de matériels utilisés par la Fondation du patrimoine. 
  • Les retombées économiques induites regroupent :  
    • Les salaires versés par les entreprises réalisant les travaux et ceux versés par la Fondation du patrimoine qui sont réinjectés dans l’économie par la consommation des salariés ; 
    • Les revenus générés par l’exploitation des sites et les dépenses des visiteurs consécutives aux travaux réalisés ; 
    • Les salaires versés par les acteurs économiques, issus de l’exploitation et des retombées touristiques et qui sont à leur tour, réintroduits dans l’économie.  

Ainsi, cette étude a permis de mettre en lumière le ratio économique suivant :  

 

Les impacts sur l'emploi

Quelques notions préalables 

Afin de cibler au mieux notre impact, l’estimation des retombées en matière d’emplois de l’action de la Fondation du patrimoine doit se distinguer en 2 grandes catégories :  

  • Les retombées ponctuelles correspondant aux emplois soutenus pendant la période de travaux ; 
  • Les retombées durables concernant des emplois soutenus plus durablement, grâce à l’activité économique générée.  

Ces mêmes retombées peuvent se décomposer en 3 grandes typologies d’emplois :  

  • Les emplois directs correspondent au nombre de personnes employées directement par les entreprises pour la réalisation des travaux liés aux projets. Ces emplois sont par nature temporaires. Ils peuvent correspondre à des créations ou à la préservation d’emplois ;  
  • Les emplois indirects concernent tout ce qui se passe en amont des entreprises réalisant les travaux. La réalisation des travaux génère en effet de nouveaux marchés pour les entreprises fournisseurs de matières premières, fournitures, de services aux entreprises et de moyens de productions. Les flux d’achats et de sous-traitance des entreprises forment le chiffre d’affaires des entreprises fournisseurs, qui assurent ce surcroit d’activité en générant de l’emploi et de nouvelles dépenses.   
  • Les emplois induits qui se trouvent dans les secteurs des biens et services pour les personnes, sont générés par un triple effet revenu :  
    • Par les dépenses issues des salaires versés pour la réalisation des travaux et la Fondation du patrimoine, et réintroduits dans l’économie nationale par la consommation ;  
    • Par les revenus générés par l’exploitation des sites et les dépenses des visiteurs ; 
    • Par les salaires versés par les acteurs économiques, issus de l’exploitation et des retombées touristiques et qui sont, à leur tour, réintroduits dans l’économie.  

 

Chantiers de restauration et emplois : quel impact ? 

Par son activité et les chantiers qu’elle soutient partout en France, la Fondation du patrimoine contribue à soutenir l’activité dans les territoires : 

  

Nous avons ciblé des entreprises qui ont à cœur d’être des acteurs du territoire local, on ne voulait pas des multinationales, mais des entreprises de territoire, car c’est un projet pour les Neversois et avec les Nerversois. »  

Extrait d’entretien avec l’ancienne Chargée de mission mécénat de la mairie de Nevers, au sujet du projet de restauration du théâtre municipal.  

 

Bon à savoir :

A travers son programme national Patrimoine Emploi, la Fondation soutient des chantiers d’insertion, des programmes de sensibilisation ou des formations à des métiers d’art, dont plus de 900 personnes en ont bénéficié en 2020.

> Patrimoine et emploi : quels liens ? 

 

Les effets sociétaux de la restauration patrimoniale 

L’étude qualitative réalisée avec le cabinet a également permis de faire émerger des dynamiques territoriales positives, constatées post-travaux.  

Le patrimoine, levier de projets pour le territoire 

L’étude des dynamiques locales qui se sont constituées autour des projets de restauration montre que ces derniers s’inscrivent de plus en plus dans des stratégies territoriales « globales » croisant différents enjeux d’action publique et interrogeant l’usage du patrimoine en tant que tel. Ainsi, nouvellement restauré, le patrimoine est souvent utilisé comme un levier de (re)dynamisation d’une commune via le développement d’une offre culturelle et touristique globale qui aura des répercussions sur la visibilité et l’attractivité du territoire.  

La Fondation produit une réelle reconnaissance collective des projets soutenus. La dynamique d'engagement sociétal qui en découle entraîne alors des retombées économiques et une valorisation du territoire

La rénovation du patrimoine peut aussi jouer un rôle de déclencheur et encourager des projets de réhabilitation / réaménagement importants qui participent à l’amélioration du cadre de vie, facteur d’attractivité résidentielle et de revalorisation des territoires.   

 

Expérience patrimoine : la restauration de la basilique Saint-Martin de Tours 

Basilique Saint-Martin à Tours  - © Ville de Tours

La Touraine constitue une destination touristique importante, compte tenu notamment de sa grande richesse patrimoniale (près de 40 châteaux, parcs et jardins remarquables, itinéraires cyclables et de randonnées, prestations fluviales, caves viticoles, etc.). Cependant, il semble indéniable que les rénovations engagées sur la basilique ont favorisé le dynamisme touristique dans le centre touristique de la ville. Les raisons ? De nombreuses initiatives de valorisation du patrimoine ont été déployées, notamment par l’Office de Tourisme et les acteurs du tourisme local : parcours à vélo autour du personnage de Saint-Martin, intmp_tmp_tmp_scription de la ville dans plusieurs circuits de pèlerinage à l’échelle européenne, promotion de la randonnée autour des « chemins de Saint-Martin », etc. L’offre proposée dépasse ainsi la simple visite de la cathédrale et permet, plus largement, une découverte complète de la ville. Enfin, la rénovation de la statue a également contribué à remettre sur le devant de la scène les « visites-apéros » de la tour de Charlemagne, offrant une vue à 360° sur la ville et la statue.  

La rénovation du site et du quartier de manière plus générale a clairement généré du développement touristique. L’augmentation de la fréquentation de la tour Charlemagne est notable. J’ai la sensation que ce projet a permis de renforcer la démonstration de notre histoire patrimoniale. » 

Extrait d’entretien avec l’Office du Tourisme de Tours. 

 

Expérience patrimoine : la rénovation du fort villageois de la Sauvetat 

Fort de la Sauvetat - © Franck Charel 

La commune de la Sauvetat voit, depuis plusieurs années, la fréquentation touristique augmenter grâce aux diverses actions de rénovation et d’embellissement menées sur son patrimoine. Celles-ci ont donné lieu à différentes initiatives touristiques : visite hebdomadaire du quartier fortifié, collaboration avec la Maison de Gergovie sur la valorisation des sites archéologiques de la région, création d’une « route des forts », création d’une voie verte le long de l’Allier avec une boucle allant jusqu’à la Sauvetat en tant qu’étape et collaboration avec la communauté de communes pour la création d’une auberge de pays et de chambres d’hôtes éclatées dans le fort.  

Le fort et le restaurant ont désormais une double page côte à côte dans le Guide du Routard. Cela montre que l’attractivité du village a augmenté et cela contribue directement à notre chiffre d’affaires. 30 à 50 % de notre chiffre d’affaires est alimenté par le tourisme et la visite du fort villageois. Les grands évènements permettent également d’alimenter notre commerce comme le marché de Noël ou la brocante qui attirent chaque année encore plus de monde, en partie grâce à la rénovation du fort. »  

Extrait d’entretien avec un établissement de l’hôtellerie-restauration sur le village fortifié de la Sauvetat 

Ces projets d’embellissement au long cours (15 ans environ) ont offert au village un tout nouveau visage et ont modifié sa physionomie par la réhabilitation notamment des bâtiments et des rues, au service d’un cadre de vie amélioré, facteur d’attractivité résidentielle. La Sauvetat a ainsi connu une hausse de sa population de plus de 10 % en un an.   

Les maisons sont vendues avant qu’on sache que ça se vend, grâce à l’ensemble des travaux réalisés par l’association, la commune, les particuliers. Il y a un vrai dynamisme immobilier. » 

Extrait d’entretien avec le Maire sur le village fortifié de la Sauvetat 

 

 

Une réappropriation collective du patrimoine 

Le patrimoine est constitutif de l’identité d’un territoire et de celle de ses habitants. Il offre un récit mémoriel collectif qui renforce le sentiment d’appartenance et participe à la valorisation d’un territoire et de son histoire. Le soutien du patrimoine non protégé doit être également appréhendé sous l’angle du « symbole » : c’est en effet reconnaître aux habitants leur capacité à dire ce qui fait leur identité, ce qui relève du bien collectif et mérite d’être préservé. C’est en ce sens valoriser leur histoire et encourager la sensibilisation et la transmission auprès des nouvelles générations (ou des habitants les plus récents). La mobilisation de nombreux acteurs locaux autour des différents projets étudiés témoigne par ailleurs de la capacité du patrimoine à être un levier d’engagement citoyen collectif. Ainsi, la Fondation du patrimoine, par ses différents modes d’intervention, agit comme un facilitateur de projets collectifs.  

L’étude des différents projets de restauration du patrimoine a également montré, de manière transversale, une fonction sociale et sociétale des sites ouverts (partiellement ou entièrement) au public, réappropriés par les acteurs locaux qui s’en emparent pour des évènements spécifiques, publics comme privés. Ces espaces deviennent ainsi des lieux de rencontre collectifs et leur usage contemporain favorise le caractère « vivant » du patrimoine. Ils sont également le lieu d’initiatives innovantes, portées par les habitants eux-mêmes. 

 

> Pour aller plus loin, téléchargez en bas, juste après cet article, une synthèse de notre étude d'impact.

Pour aller plus loin
  • Article
    Valorisation
    Étude de cas : la basilique Saint-Martin de Tours
    La genèse, les travaux et les impacts d’un projet au service de la réhabilitation d’un quartier.
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  • Article
    Valorisation
    Étude de cas : le fort villageois de La Sauvetat en Auvergne
    La genèse, les travaux et les impacts d'un projet de valorisation patrimoniale.
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  • Guide & boîte à outils
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    Construire un projet économique de transformation du patrimoine
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